mercredi 15 août 2012

Histoires d'un autre temps


Savez-vous que l'usage du vélo n'a pas toujours été ce que l'on connaît aujourd'hui ? A admirer les machines présentées au musée Thimmonier, on s'en doute un peu ! Car sans dérailleur, cela devait être un peu plus dur de grimper les cols. Surtout que le passage se faisait par un sentier, et non par une route goudronnée .

Mais les freins à l'utilisation de cette belle invention ne furent pas seulement mécaniques, il a fallu aussi faire tomber les barrières morales...  mentales ... psychologiques.. Je ne sais pas si ces mots qui me viennent à l'esprit en l’occurrence sont les plus appropriés. Lisez attentivement le texte pour vous faire une idée. J'ai pêché cela dans le n° 39 de la France pittoresque (magazine de la petite Histoire de France - encyclopédie de la vie d'autrefois). Il y a quelques pépites.


"Célèbre critique dramatique au journal Le Temps, Sarcey, évoquant la vélocipédie, demanda à la police dans la France de mai 1869, de supprimer « cette excentricité dont il ne voyait nullement l'avenir », et le mois suivant, Pascaud, de la maison Turner et Cie, s'étant, au coin de la rue Saint-Antoine à Paris, accroché avec un fiacre, fut cité au tribunal de police qui décida « en vertu de l'article 113 de l'ordonnance du 25 juillet 1862 qui proscrit dans les rues les jeux de quilles, palets, tonneaux, etc. », de punir Pascaud d'une amende de 1 franc. 
Parti de Paris, l'exemple fut suivi en province. Parmi les décisions arbitraires et routinières de l'époque, citons celle du maire de Luc, petit village de Provence, qui n'autorisa le passage des vélocipèdes dans son bourg que s'ils étaient « conduits par une personne à pied ». La même année, le journal Le Gaulois qualifia les vélocipédistes d' « imbéciles à roulettes », et un membre du Corps législatif proposa d'imposer les vélocipèdes de 50 francs par an. 
Le passage des vélocipèdes dans le bois de Boulogne était autorisé à la condition expresse « qu'ils fussent en voiture ». C'était également l'époque où monter en vélocipède pouvait être jugé motif à séparation de corps : en mars 1870, Mme de Puyparlier n'avait-elle pas allégué comme motif à sa demande en séparation, que son mari montait en vélocipède ! 
C'était encore l'époque où le Radical, peu expert en choses cyclistes à cette date, prétendit que le prince impérial « ruinait sa famille » en vélocipèdes. 
Quelques années après la guerre de 1870-1871, les cyclistes sillonnent les rues de Paris, et il n'est presque pas de jour sans qu'un commissaire de police constate le bris d'une jambe ou d'un bras causé par ces fragiles et dangereux instruments, la préfecture de police se décidant à rendre le 9 novembre 1874 une ordonnance qui interdit la circulation des vélocipèdes sur les points les plus populeux de Paris, et condamne chaque machine au port d'un grelot, d'une plaque indiquant le nom et l'adresse du propriétaire, ainsi que d'une lanterne la nuit. 
A partir de 1889, on pouvait solliciter du préfet de police, par courrier, l'obtention d'une « carte de circulation vélocipédique à Paris dans les voies interdites ». Trois jours après, le cycliste devait se présenter en personne au bureau des Vélocipédistes à la préfecture, et contre la somme de 25 centimes, on lui remettait une carte annuelle qu'il convenait de renouveler au même coût. 
Les provinciaux désirant passer à Paris quelques jours en machine devaient, trois jours au moins avant leur venue, adresser leur demande au préfet et. sitôt débarqués de la gare ou arrivés en ville, aller se faire délivrer leur carte."
D'après Le cydisme théorique et pratique paru en 1893

OUF, nous l'avons échappé belle !!!

Encore une histoire d'un autre temps. Savez-vous qu'une ordonnance du 26 brumaire an IX (17 novembre 1800), qui n'a jamais été abrogée, affirme que "Toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la préfecture de police pour en obtenir l'autorisation". Elle a juste été modifiée par deux circulaires en 1892 et 1909 qui permettent le port du pantalon "si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d'un cheval".

Donc pas d'amende pour cette belle personne
Ni pour celle-là !


1 commentaire:

  1. Comme les temps changent: aujourd'hui, les vélib' et les pistes cyclables sillonnent Paris. Ce qui n'a guère changé, hélas, c'est le risque que prend le vélocypédiste lors de ses pérégrinations...

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