"De nos jours, l'expression col bleu est un terme d'argot utilisé pour
désigner des individus faisant partie du bas de la hiérarchie de l'entreprise,
en particulier les ouvriers et les exécutants des tâches manuelles, par
opposition aux cols blancs qui en représentent les
dirigeants et les cadres.
Un col bleu est un membre d'une classe ouvrière qui exécute un travail
manuel et gagne un salaire
horaire. Les cols bleus se distinguent des cols blancs, dont le travail n'est
pas considéré comme manuel." ( fr.wikipedia.org)
Pourquoi ce thème aujourd'hui ? Pour varier les COLS. Alors j'aurais pu vous entretenir de col blanc ou de colvert. Mais je n'ai aucun intérêt particulier pour la faune, donc exit le colvert.
En 2011, Sakina M'Sa a revisité le bleu de travail pour rendre hommage au monde ouvrier. Surprenant,
mais emblématique de la démarche de la styliste: rendre leur dignité aux
travailleurs modestes et encourager la mixité sociale. Vous pouvez visiter son site pour en savoir plus : www.sakinamsa.comPourquoi ce thème aujourd'hui ? Pour varier les COLS. Alors j'aurais pu vous entretenir de col blanc ou de colvert. Mais je n'ai aucun intérêt particulier pour la faune, donc exit le colvert.
Alors que col bleu me parle plus. Pourtant je n'en suis pas une si on s'en tient à la définition ci-dessus. Ni col blanc d'ailleurs. Je me rapprocherais plus actuellement de la blouse grise.
Et, oui, certains métiers sont - ou ont été - caractérisés par un vêtement. Il semblerait que l'expression "col blanc" remonte au XIX ème siècle, quand les employés de banque devaient porter une chemise immaculée. Les blouses blanches désignent de manière générale les métiers médicaux et paramédicaux. Sur les bords des routes on peut croiser les petits hommes oranges. J'avais une représentation de pantalon de boucher à petits carreaux ou pied de poule gris/blanc, mais en fouinant sur Internet, je constate que je suis en retard : aujourd'hui la gamme de couleur s'est étendue. Savez-vous qu'il existe toujours une blouse de maquignon, certains distributeurs l'appellent "blouse Villette", pour d'autres c'est la blouse Auvergnate.
Mais revenons à notre col bleu. Si le col blanc blanc désigne la chemise, "le terme col bleu provient de l'habit de travail des ouvriers, une combinaison de toile bleue portée pendant le travail." (Wikipedia)
Pourquoi bleu, et pas vert, marron ou toute autre couleur ? Je me suis souvenue d'un livre acquis à Aix en Provence, qui raconte la saga du textile entre Provence et Cévennes, où il était question de la couleur bleue. J'ai mis un moment à le trouver car il s'était glissé derrière le meuble, mais mes livres étant sacrés, il fallait absolument que je le retrouve, quitte à y passer la nuit !
"C'est au XIIème siècle que la couleur bleue pénétra la société, au travers de son usage dans la peinture et l'héraldique. Au siècle suivant, elle envahit tous les domaines, ce qui fait dire aux historiens qu'on assista à "un raz de marée bleu". Jusqu'alors absent du vestiaire d'apparat, le bleu devint la couleur des princes, des rois et bien mieux encore, celle de la Vierge Marie. Auparavant, les teinturiers ne savaient obtenir qu'un bleu sale, terne que portaient les paysans lorsque leurs vêtements étaient teints. Désormais, avec l’indigo, mais aussi la guède, on savait produire des tons intenses et lumineux qui étaient les qualités recherchées dans la palette médiévale. [...]
En Europe où elle est cultivée depuis le Néolithique, la guède a longtemps été la seule source de teinture bleue. Son nom provençal, le pastel, désigne un produit pâteux et a fini par désigner la plante elle-même. [...]
Mais le développement des routes commerciales vers l'Extrême-Orient eut raison de ce succès, en apportant la concurrence de l'indigo, nom qui fut donné à ce colorant en raison de sa provenance. En Inde, son nom est le nil. En Egypte, le Nil signifie "fleuve bleu". [...]
Les pouvoirs colorants de l'indigo sont 30 à 40 fois supérieurs au pastel ! [...] "
L'utilisation de cette plante déclinera avec l'apparition des procédés chimiques de teinture.
"A la différence des autres colorants naturels, l'indigo ne se dissout pas dans l'eau. Il est en outre impossible de teindre un tissu avec de la poudre d'indigo mélangé à de l'eau. Il faut au préalable "monter la cuve", soit préparer un bain de teinture. C'est pourquoi l'indigo est un colorant de cuve. On va le transformer en un dérivé incolore dans une solution alcaline. Le textile y est plongé. Comme par miracle, lorsqu'on sort le tissu pour l'exposer à l'air, l'indigo redevient bleu en s'oxydant. Et comme il est prisonnier des fibres, il est très résistant à la lumière. [...]
Pour des raisons d'économie, on réutilisait les cuves de bleu qui avaient servi d'abord pour des productions plus luxueuses, que l'on ravivait en rajoutant de l'indigo. Historiens et sociologues expliquent ainsi le fait que l'usage du bleu dans les vêtements de travail se soit répandu dans le Midi. [...]"
Les vêtements bleus de l'ouvrier ont inspiré la styliste Sakina M'Sa. En compagnie d'Olga, j'ai visité au Petit Palais en août 2007, l'exposition "L'étoffe des héroïnes" qui m'a fait connaître cette créatrice et son parcours qui me plaît bien. (Le texte suivant est extrait de www.reussirmavie.net)
"Née aux Comores en 1972, Sakina M'sa est arrivée en France, à Marseille, à l'âge de 7 ans. Au collège déjà, elle organise un défilé de mode en fin d'année scolaire. "Les mannequins étaient mes copines, les vêtements étaient créés à partir de la nappe cirée de ma mère, des torchons, des boîtes de conserve et de carton... Je ne savais pas coudre" raconte-t-elle. En classe, elle aime la poésie, l'histoire, la géographie. Mais son mode d'expression à elle, c'est le vêtement. Elle suit des études de stylisme à l'Institut supérieur de la mode, un apprentissage chez une costumière... et se lance dans un travail de création très personnel, organisant des défilés dans des usines, des bains-douches, des cabines téléphoniques, des cafés.
On remarque son talent, elle gagne bourses et prix, ce qui ne l'empêche pas de connaître la galère et les petits boulots avant d'échouer, à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis (93) où elle installe son atelier.
On remarque son talent, elle gagne bourses et prix, ce qui ne l'empêche pas de connaître la galère et les petits boulots avant d'échouer, à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis (93) où elle installe son atelier.
Styliste de mode, Sakina M'sa ne se contente pas de créer des
vêtements. Dans sa maison de couture d'insertion, elle aide des femmes sans
emploi à remettre la main à l'aiguille. Et encourage les jeunes des cités (et du
93) à croire à leur talent.
Dans ce département marqué par la diversité des cultures, la
Comorienne est comme un poisson dans l'eau. Elle poursuit son travail de
styliste, créant tous azimuts, accumulant matières et tissus, plongeant aussi
dans le "tissu social". Elle ne se contente pas de créer des vêtements
métissés, héritiers de toutes les traditions esthétiques, ou de coller sur
ses modèles des petits bouts de tissus qu'elle a fait séjourner dans la terre
aux quatre coins du monde (histoire de les imprégner d'une signification
particulière). Elle ne veut pas seulement donner une seconde vie à des vêtements
transformés, mais veut aider des femmes issues de l'immigration à trouver
un emploi, des jeunes à croire en leurs talents.
Pour cela, elle crée un atelier d'insertion par la couture,
l'association Daïka. Des femmes issus de l'immigration et sans emploi y
apprennent non seulement à coudre (ce qu'elles savent souvent déjà), mais à s'y
exprimer en créant de véritables collections qui peuvent être présentées dans
des défilés de haute couture et commercialisées. Car chez Sakina M'sa,
l'ambition sociale va de pair avec l'exigence culturelle et professionnelle.
Dans cette maison de couture d'insertion, on veut produire des vêtements dans
les règles de l'art des grands ateliers. Les femmes sont encadrées par
Sakina M'sa elle-même, mais également par un chef d'atelier issu d'une grande
maison de couture qui a pour mission de transmettre des savoir-faire très
précis. En même temps, les participantes de l'atelier sont suivies socialement
et aidées à bâtir chacune un projet professionnel.
En montant le projet "l'étoffe des héroïnes", la
styliste a voulu continuer à faire le grand écart entre la haute couture et la
grande précarité. Prenez un lot de vêtements récupérés par Emmaüs. Un kit couture complet fait de machines, ciseaux, épingles, tissus et matières en tout genre. Maintenant, examinez sur des tableaux du 16e au 19e siècle la représentation des vêtements : les matières et contrastes, les motifs et couleurs, les corps, ce qui est montré, ou caché, les canons de la beauté... Emparez-vous de magazines féminins, découpez les tenues des mannequins et jouez aux cadavres exquis, collez sans souci des conventions. Enfin, dessinez et prenez l'aiguille pour réaliser vraiment votre robe rêvée, celle qui exprime votre être le plus intime et le plus fou.
Trois femmes de l'association Emmaüs ont participé aux
ateliers de customisation, dont deux, sans domicile fixe, étaient hébergées
dans un centre d'urgence. Dynamisée par l'expérience, l'une s'est lancée dans
une recherche active de travail et s'est inscrite à un cours d'apprentissage de
la langue française. Une autre s'est inscrite dans une formation qu'elle a
réussi à financer elle-même. La troisième a repris confiance en elle en
découvrant ses capacités créatrices."
Voici un aperçu de cette exposition (www.rfi.fr/francefr/articles/091/article_53569.asp - photo Danielle Birck/ RFI)
Beaucoup de bla-bla autour du col bleu. Mais l'origine de ma réflexion était bien sûr le fait que je suis fille de col bleu. Seulement depuis une génération, car comme pour beaucoup de provinciaux, il ne faut pas remonter bien loin dans l'arbre généalogique pour croiser des petits paysans.
Ce livre est une compilation de photos qui me parlent toutes les unes plus que les autres. Dans mes archives personnelles, je n'ai trouvé que celle-là pour illustrer mes racines :
Michèle et Denise en 1985 à Cavanié |
Que voici des cols joliment franchis!!!!
RépondreSupprimerJ'ai lu tout ça avec beaucoup de curiosité.
Je reste admiratif du travail de Mme Sakina M'saMais. Un bel exemple à découvrir, d'aide à l'insertion par "la prise de confiance en soi"!!!
Mais j'aime bien aussi les colverts: alors, à l'occaz', si tu manque d'idées et que tu as d'aussi belles photos que celles-ci, je suis preneur!!
L'aide à l’insertion par la prise de confiance en soi, un projet qui me tenterait bien ... Mais pour créer une association chantier d'insertion, il faut être au moins deux. Tu fais le deuxième ? On dirait que je serais la chef d'atelier, et toi tu serais le chargé d'insertion.
SupprimerPour moi, "Fils de la côte", les Cols bleus sont les marins de la Marine nationale. On les appelait aussi les "Pompons rouges" à cause du fameux pompon qui ornait leur coiffure.
RépondreSupprimerAinsi mon père qui participa au débarquement du 6 juin 1944 fut un col bleu ( http://montourdefrance1959.blogspot.fr/2009/06/le-debarquement-du-6-juin-1944.html ).
Mon frère également qui fit son "Service" sur un porte-avions.
Je fus donc le seul à ne pas en être puisque j'ai effectué mon année sous les drapeaux dans un bureau à Châteauroux. En somme, je fus un col blanc en tenue "caca d'oie"...
JPLP
Et pis y'a aussi -toujours dans l'armée- la pie-col!!!
RépondreSupprimerPour l'insertion, je ne sais pas vraiment si ça correspond à mes capacités, mais ça doit être passionnant!!!